Mon dieu, mon dieu, j’aime cet endroit. C’est vraiment génial, y’a à peu près tout ce qu’on a besoin ici. Un spa, une putain de piscine, un bar, et même une salle de sport. Oui bon, ça, on s’en fout. Ce n’est pas pour moi, le sport. En plus, c’est pas du tout sexy de faire une rencontre tout en transpirant comme un porc, non franchement, y’a rien de plus pire. En fait, c’est un peu les vacances cette télé-réalité. Avec ce grand soleil, quoi de mieux que de traîner vers la piscine pour en profiter. D’ailleurs, ça m’étonne vachement de n’y voir personne. Deux possibilités. Soit je manque quelque chose d’important, genre une réunion entre candidats ou je ne sais pas trop. Soit je suis entourée d’une bande de vampires qui ont horreur du soleil et qui préfèrent rester à l’intérieur. Dans tous les cas, ça ne change rien au fait que je sois seule, pas mal installée sur une chaise longue. Au pire, ça ne me dérange pas trop hein. Lunette de soleil sur le nez –forcée, puisque sinon, on risquerait de voir mes yeux rouges dû au manque de sommeil, et je refuse de ressembler à un zombie- bikini turquoise, et écouteurs dans les oreilles, je suis plus ou moins casées. Les Beatles m’aident à éviter de roupiller. Oui, parce que je suis morte aujourd’hui. Pas dans le sens propre hein, sinon, je serais vraiment un zombie, sur le coup. Alors, je tente de tout faire pour ne pas dormir. Me demandez pas pourquoi. Je sens mes yeux qui se ferment sur le « by making his world a little colder » de Hey Jude. Non, je ne dormirai pas. Satanés yeux. Vous êtes faibles. Non, je ne dormirai pas. Non. Je refuse. Putain, merde, je m’endors. Je crois que je commence à rêver d’un castor. Ou une vache. Je sais pas trop.

Que la vie était douce sur un navire. Que la vie semblait facile sur un paquebot. Oui, mais non. Un terrible choix empêchait Briony de profiter de l’instant. Plutôt un ou deux. Plutôt blanc rayé de noir ou plutôt beige à fleurs multicolores. Difficile. Très difficile. Mais le choix fut enfin fait. Ce sera le bikini rouge aux fleurs blanches. Parfait. Et puis, ça allait très bien à son teint. La candidate avait entendu parler d’une piscine mais n’y avait encore pas été, voilà pourquoi, il fallait immédiatement y remédier. Pieds nus, serviette à la main, elle était parée à se fondre dans l’eau. A peine arrivée qu’elle vit une tignasse déjà trop connu et ce, bien malgré elle. Penchée, cette tignasse semblait embrasser un visage ou bien et ce, surement contre le gré de la pauvre prisonnière. « AU VIOLEUR ! » Hurla-t-elle alors avant de s’apercevoir que la candidate venait de se réveiller en sursaut – surement parce qu’elle avait une tête affreuse dans son champ de vision. Haussant les épaules, avec un fin sourire, Briony se précipita vers la jolie jeune femme. « Je viens de t’éviter le pire, je t’en pris, ne me remercie pas. » Quoi ? Elle n’était pas drôle sa blague ? Oups.

« TAAAH mais t’es malade toi »

Oui, je viens de me réveiller. Et je me rends compte que le castor (ou la vache) qui parlait dans mon rêve était en fait un candidat de cette émission. Et si j’ai crié, ce qui n’est pas très gracieux, je vous l’accorde, c’est parce que ce type-là, il était bizarrement penché vers moi. Et en plus, une fille avait hurlé « au violeur », alors tout ça, là, au réveil, ça aide pas. Je grimace, n’aimant pas être réveillé de façon aussi brutal. « T’allais me violer, c’pour ça que tu me relookais bizarrement ? Entre nous, ce n’est pas très sain d’examiner les jeunes filles endormies, tu devrais consulter un psy je crois. » J’espère qu’il ne va surtout pas le prendre mal, c’est pour plaisanter. Quoi que regarder les filles qui roupillent, c’est vrai que ça ne doit pas être très sain. La fille (probablement celle qui a hurlé au violeur) se précipite vers moi, en me disant qu’elle venait de m’éviter le pire. Je me redresse sur la chaise longue (avouez que la position allongée n’était pas très classe pour discuter) et porte attention, enfin, à ces gens-là. Enfin non, à ses personnes. A ces gens-là, ça fait ermite qui ne veut absolument pas parler aux autres et qui se croit supérieur, je trouve. Hum. « Non, non, mais t’as bien fait hein, merci, je pense sincèrement que, sans toi, ce type m’aurait violée et jetée par-dessus bord. » Une seconde. Je n’avais pas des écouteurs, tout à l’heure ? Ah si, si, j’en avais. Je tourne la tête à droite, à gauche, par terre. « BORDEL DE MERDE, C’EST QUI L’ENFOIRE QUI … Ah non, rien. » Fausse alerte, mon ipod est par terre. Non, je ne me m’emballe pas trop vite.

La douce et charmante candidate qu’était Briony venait de sauver la blondinette. Pas peu fière d’elle, la rouquine prit un malin plaisir à écouter cette charmante demoiselle dire que Pablo aurait sans doute besoin de consulter un psy. Hochant docilement la tête, elles partageaient le même point de vue. C’était quand même sacrément glauque de regarder d’aussi près une inconnue qui dort. Comme si le prince charmant avait relooké Sleeping Beauty pendant qu’elle dormait. Hurk. Enfin bref, la réponse de l’hispanico-ou-Briony-ne-savait-quoi-américain fut plutôt agréable à écouter. La jeune femme bavait, charmant. Cette joute verbale, bien que puérile, amusait Briony. Puis, le garçon se tourna vers elle afin de lui parler d’escargot et de Jeux Olympiques. « C’est justement ce que je comptais faire avec… Elle. » Ne connaissant pas son prénom, difficile de l’appeler autrement et puis, elle faisait référence à la bave de la candidate, du moins d’après les propos de l’homme. Avant d’ajouter. « Qui sait, je te suis peut-être. Prends garde à toi, Diego. » Ah, c’était Pablo ? Du pareil au même. Finalement l’ex-endormie se mit à crier. Les gens étaient malades, crier comme ça et les infarctus alors ! Soit, elle haussa un sourcil afin de savoir pourquoi la blonde venait de piailler. Ses écouteurs, apparemment. Quoi ? En plus d’être un violeur, Pablo serait un voleur. Cela ne l’étonnait qu’à moitié. Alors que ce dernier se disculpa en inculpant Briony, Blondie retrouva bien vite l’objet de ses craintes. « Au pire, si un candidat te vole quelque chose, y aura toujours moyen de le récupérer. Au moins un avantage à séjourner sur un paquebot. Et s’il s’agit de sous-vêtements, je te conseille sa cabine. » Violeur, pervers, il n’y avait pas beaucoup de différences. Briony montra évidemment d’un signe de tête Pablo. La revanche d’une rousse.

Nom de dieu. Je glette, moi ? Vraiment ? Oh putain de merde. Je m’empresse d’effacer toutes traces du crime avec ma main. Ni vu, ni connu. Ou presque. Je fusille du regard celui-dont-je-ne-connais-pas-le-nom. Et vas-y qu’on me prend pour un escargot maintenant. C’est charmant. Absolument charmant. Diego. Apparemment, l’espèce de pervers louche et moqueur s’appelle Diego. C’est moche comme prénom tiens. Pauvre petit. Et la fille s’appelle Briony. « Parce qu’en plus, c’est un renifleur de sous-vêtements ? » C’est marrant, y’a un truc qui me perturbe vraiment chez cette fille. Ses cheveux. Oh putain, une rousse. Comme pour m’en assurer, je retire mes lunettes de soleil pendant cinq secondes, quitte à ce qu’on prenne pour une droguée avec mes yeux rougis. Non, non, elle était bien rousse, et l’effet est encore plus pire sans les lunettes, que je remets illico. On ne sait jamais. « Doux Jésus, qu’est-ce qu’ils ont tes cheveux ? C’est ta couleur naturelle ou … ? Ou t’as voulu te déguiser en potiron peut-être ? » Ce n’est pas que je n’aime pas les rousses hein. Enfin, avouez que c’est une couleur étrange quoi. J’espère pour elle que c’est sa couleur naturelle, parce que faut être foutrement malade pour se faire une teinture comme ça. N’empêche que si c’est sa véritable couleur, je la plains la pauvre. Quelque chose me dit qu’elle a dû en manger, quand elle était petite, des blagues vaseuses sur les roux. J’aurai bien envie d’en lancer une là, genre « Si un roux se mutile, est-ce que ça fait de la carotte râpée ? » mais j’ai tendance à croire que je devrais garder mes blagues douteuses pour moi toute seule. « Enfin le prend pas mal surtout hein. C’est … original. » Comment essayer de se rattraper. Non mais, c’est que si je me mets à critiquer tout le monde pour une maudite couleur de cheveux, je ne risque pas de faire long feu dans ce yatch. Merde alors, je dois avoir à dos tous les roux qui regardent l'émission.

Pablo l’appela Brenda – no comment – disant qu’il lui avait volé l’un de ses sous-vêtements. Sérieusement, elle l’en pensait bien capable, il était le genre de mecs à paraitre plutôt réservé avec son sourire niais, mais qui pourrait cacher un vrai pervers. Hurk. Il se moqua d’elle encore un peu avant que… Avant que Marilou ne se foute d’elle. Gé-ni-al. Comme si être roux était quelque chose d’horrible. Briony avait toujours adoré sa couleur de cheveux, c’était très joli et beaucoup moins vu que les autres couleurs. Les blondes avaient l’air trop idiot et les brunes étaient… Tout le reste. Non, vraiment, être roux c’était toujours mieux que d’être blond ou brun. Et pourtant, Pablo s’était foutu d’elle, suivit de Marilou. Quelque peu vexée, la jeune femme haussa un sourcil à l’adresse de la candidate. « C’est ma couleur naturelle. » Ne pas le prendre mal ? Trop tard. Elle poursuivit. « Et toi, c’est quoi ta couleur ? C’est un blond dégueulasse, ça, non ? Pas vraiment original. » Comme si une blonde pouvait critiquer une rousse, le monde à l’envers. Bien, Briony observa ensuite la piscine qui s’offrait à eux. « Bon, je vais me baigner. Je te laisse avec Simplet. » Et sur ces belles paroles, la rouquine posa ses affaires et plongea dans la piscine, qui se trouvait à quelques pas de là.

« Je pensais que tu tenais plus que ça à ton string bordeaux à dentelles, Brenda, mais il faut croire que non, vu que tu ne me l'as toujours pas réclamé. » Ne me dites pas que ces deux-là baisent ensemble hein. On est que lundi bordel, ce seraient des rapides dans ce cas. Puis franchement, ils n’ont pas vraiment l’air de s’adorer. Ça doit être de l’ironie ouais. Non, je ne suis pas longue à comprendre les choses, c’est faux. Pas du tout. C’est juste que je sois potentiellement endormie, donc forcément, les choses arrivent plus lentement à mon cerveau, donc hein, pas de commentaire. Je me retiens d’éclater de rire, quand Pedro ou Diego je sais plus se met à rire face à ma réflexion (pas très gentille) sur la couleur de cheveux de cette fille. MAIS C’EST UNE ROUSSE NOM DE DIEU ! Une rousse, une vraie de vraie. Elle rouille, vous pensez ? Oui, bon, j’arrête. Malheureusement, elle l’a mal pris. Rooh, je n’aime pas les gens susceptibles. Oui, même si ça m’arrive de l’être. (et oui, je m’aime bien) Et puis, elle se met à dire que mes cheveux sont d’un « blond dégueulasse » Généralement, les filles ont HORREUR qu’on critique leurs cheveux. Moi, je me retiens d’éclater de rire, encore une fois. Pas vraiment original, j’avoue. Mais merde ! Elle, je suis sûre que si ses cheveux pourraient parler, ils diraient « Tuez-moi, par pitié, tuez-moi, Dieu m’a pris pour une carotte, achevez mes souffrances ! » Enfin. On sait tous qu’un cheveu est incapable de parler. Tant mieux hein, sinon, la pauvre Briony (ou Brenda, je suis paumée avec tous ces prénoms) en entendrait beaucoup, des voix, et des plaintes. La pauvre. « Bon, je vais me baigner. Je te laisse avec Simplet. » Oui, elle est vexée. Elle pose ses affaires et plonge dans la piscine. « Mais non mais reviens ! Reviens ! Allez quoi, ce n’est pas de ta faute si t’es rousse ! Non et puis, c’est joli en fait le roux ! Sans rire, je m’en rendais pas compte là comme ça, mais c’est trop beau quoi ! » Oui bon, je tentais désespérément de me rattraper, parce que plutôt crever que d’être … rousse. Puis, j’me tourne vers Pedro. Ou Diego. J’en sais rien. « Tu … tu penses qu’elle est vraiment vexée ? »