Après une semaine de jeu, j'avais enfin l'habitude des mouvements imprévus du bateau. Le pied marin!? Top n'est-ce pas. Pour moi, ça l'est. Je n'en pouvais plus des insomnies qui m'auraient au final, transformé en un horrible monstre cerné. Pas idéal pour trouver l'amour. Pas idéal du tout, alors que c'est mon but dans cet aventure. Réveillé dans les alentours de onze heures le lendemain du prime, je quittais ma cabine dès que mes yeux furent ouverts afin de rejoindre la cuisine et de m'y verser un café bien corsé. Visiblement, personne n'avait encore fait de café ce matin, c'est pourquoi je du me résoudre à le faire moi-même. Un peu d'eau, de caféine, la machine en marche et le tour était jouer. Je sortis une tasse de l'une des armoires et patientais en regardant coulé le liquide noir et brûlant. Entendant quelqu'un derrière moi, je me retournais pour apercevoir l'une des candidates. J'avais peu parlé avec elle, très peu. J'ignorais même son prénom, mais préférais ne pas le lui faire savoir. « Une tasse de café ? » Si la demoiselle préférait du thé, tant pis pour elle. Je n'avais jamais aimé le thé pour ma part, ça manque de caractère, ça ne nous aide pas à rester éveiller. C'est inutile en somme. La machine m'indiquant que le café était prêt, j'attrapais la cruche pour m'en servir une grande tasse. « Ton aventure se passe bien pour le moment ? » Je déteste rester sans rien dire. Je dois être l'homme aux trois-milles questions mais je l'assume to-ta-le-ment

Après une bonne douche en bonne compagnie, il fallait passer aux choses sérieuses. Et comme toute personne qui se respecte, il fallait à Briony sa dose de caféine. Vêtue d’une robe d’été, ses cheveux encore mouillés étaient coiffés à l’aide d’une pince, rien de glamour, rien de classe, tout de confortable et de pratique. Ses ballerines la menaient jusque dans cet antre fabuleux qu’était la cuisine. Attirée par l’odeur que dégageait la machine à café, tout annonçait une bonne journée. Charles-Emmanuel – prénom qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de retenir, au même titre que Pepper-Ann et autres prénoms loufoques – était celui qui allait prendre son petit-déjeuner. Dès qu’il la vit, il lui proposa du café. « Une graaaaande tasse de café, merci. » Alors que certains en prenaient seulement quelques gorgées, boire des litres de café par jour ne dérangeai aucunement Briony. Il faut dire qu’avec son métier, il fallait toujours être sur le qui-vive. « Noir, sans sucre. » précisa-t-elle avant que le silence ne s’installe. Pas pour longtemps puisque déjà Charles-Emmanuel lui posait une première question. « C’est… Nouveau Distrayant même. Pour le moment, j’essaye de voir ça comme une croisière, des vacances en solitaire, quoi. » Et c’était d’ailleurs le cas. Même si Noah l’avait la veille, ils seraient bientôt bombardés de missions et autre faits qui rendrait leur aventure malsaine, pour le moment Briony appréciait d’être sur un yacht et de visiter les villes. « Tu ne trouves pas ? » Même si la rouquine n’appréciait pas qu’on soit d’un avis différent du sien, elle le laissa répondre sans lui sauter à la gorge.

« Une graaaaande tasse de café, merci. » Dès qu'elle m'eu répondu, je me suis dirigé vers l'une des armoires. Non pas celles où se trouvent les tasses mais une autre où je pu trouver un seau. « C'est suffisant ça ?» Avais-je osé lui demandé avec un large sourire accroché au visage. Note pour moi-même: l'humour du matin, je dois l'oublier. A tous les coups il est nul à chier. Finalement, je rangeais le seau pour aller lui chercher une grande tasse. « C'était de l'humour. » Croyais-je utile de rajouter sur l'instant. Je lui servis , comme elle le demandait, un grand café noir sans sucre. Une fois la caféine versée dans la tasse, je la lui tendis. « C’est… Nouveau Distrayant même. Pour le moment, j’essaye de voir ça comme une croisière, des vacances en solitaire, quoi. Tu ne trouves pas ? » Des vacances en solitaire ... C'était les mots justes. Je n'y avais jamais vraiment penser, puisque nous étions nombreux. Mais au fond, c'était exactement ça puisque tous ces gens étaient et sont, de parfaits inconnus pour la plupart. « Tu as raison. Ce sont des vacances loin de mes proches, loin de tout ce que je connais. Alors des vacances en solitaire, ça me parait tout à fait parfait comme termes. » J'avalais alors une grande gorgée de café avant de reposer ma tasse sur la table et de fixer mes iris sur la rousse. « Dis ... Je suis désolé et terriblement gêner de te le demander ais tu saurai me répéter ton prénom ? Histoire d'éviter les problèmes liés à ce manque de mémoire de ma part. »

Alors que la jeune femme s’installait sur un tabouret, Charles-Emmanuel sorti un sceau en lui demandant si cela allait suffire. Haussant un sourcil, Briony n’était pas particulièrement réceptive à ce genre d’humour, en tout cas, pas de bon matin. Néanmoins, le garçon cru nécessaire de préciser qu’il s’agissait d’humour et pour toute réponse, la rouquine lui sourit poliment. Sortant finalement une grande tasse, le jeune homme lui servit son café. « Merci. » Dit-elle avant de boire une longue rasade d’élixir noir, à la fois pour se réveiller mais également pour le goût. Alors qu’elle venait de retourner la question à Charles-Emmanuel qui se trouvait d’accord avec elle. Ca au moins, ça lui plaisait bien plus. Il faut dire que Briony avait la fâcheuse tendance à obliger tout le monde d’être de son avis. Enfin bref, c’était tant mieux. Observant son interlocuteur, la demoiselle le trouvait bel homme et alors que certains commençaient à se tasser à la trentaine, d’autres étaient dans la force de l’âge. Charles-Emmanuel faisait parti de la seconde catégorie, d’ailleurs la rouquine se demanda un instant s’il n’était pas plus beau dans la trentaine que la vingtaine. Bien sur, elle n’en savait rien mais une photo n’aurait pas été de trop pour savoir si elle avait raison. Quoiqu’il en soit, pour l’heure, le garçon lui demanda de lui redonner son prénom. « Tu vas me vexer, là, cher Charles-Emmanuel. » Lança-t-elle en souriant, montrant au passage qu’elle se rappelait du sien. Elle reprit ensuite. « Admettons que tu doives me juger… Tu me donnerais quel prénom ? » L’américaine espérait ne pas entendre le fait qu’il n’aimait pas juger, parce que, d’une part c’était une réponse bien trop facile et d’autre part, c’était faux. Tout le monde jugeait tout le monde, même Briony – surtout Briony. « T’as pas trop une tête à t’appeler Charles-Emmanuel quand même. Je t’aurais bien vu en… Harry. Ou Steve. » Après avoir hausser les épaules, elle reprit une gorgée de café.

Elle ne semblait pas réceptive à mon humour, et je ne peux que la comprendre puisque c'était vraiment minable. Rien de glorieux dans cette petite blague, maintenant qu'elle était faite, je pouvais passer autre chose en espérant qu'elle ne reste pas bloqué à ça. Je n'avais encore jamais parler avec la rouquine et elle me prendrait peut-être pour le lourd de service... Comme elle l'avait souhaité, je lui servis une grande tasse de café. Celle-ci me remerciais et je lui rendis simplement un sourire qui signifiait "de rien" « Tu vas me vexer, là, cher Charles-Emmanuel. » Je baissais la tête légèrement honteux de ne pas avoir retenu son prénom. Je ressemblais à un enfant pris en faute. Cependant, je relevais rapidement la tête en direction de cette dernière. « Je préfère te l'avouer que de t'appeler Marguerite ... » sourire encore une fois. Je passe rapidement une main dans mes cheveux bruns qui ne sont pas encore coiffés. Un vieux tic, sans doute dû à une certaine gêne. Pourtant, je suis pas le gros timide de service. Bien au contraire, je n'ai aucune timidité à aller rencontrer des gens, je suis assez confiant. «Admettons que tu doives me juger… Tu me donnerais quel prénom ? » J'adorais ce genre de jeu. J'étais preneur à tous les coups. Souvent dans la rue, je m'amusait à chercher quel prénom pouvait bien porter les gens que je croisais. Un passe temps comme un autre après tout. « Hum ... Pas Marguerite en fait. Un prénom comme Sophie ... Ou Astrid. » J'étais sûr de me planter mais je trouve que ses prénoms lui iraient plutôt bien au teint. En plus, j'aime assez le prénom Astrid que j'avais d'ailleurs hésité à donner à ma fille. « T’as pas trop une tête à t’appeler Charles-Emmanuel quand même. Je t’aurais bien vu en… Harry. Ou Steve.» Je faillis éclater de rire. Steve était un prénom que j'avais plutôt tendance à détester puisqu'il fait trop "djeuns" pour moi. Steve, c'est le prénom typiquement américain auquel je suis content d'avoir échappé. Harry, pourquoi pas. « Steve, je préfère pas non. Et puis tes idées de prénoms devaient être beaucoup trop courte pour mon paternel. » Je faisais référence à notre vieille tradition familiale. Je décidai de ne pas laisser tomber de blanc en enchainant avec une question « Alors, t'es venue faire quoi à bord de ce bateau toi !? » Après tout, nous étions tous là avec un but précis. On ne passe pas ce genre de casting sans idée derrière la tête.

Marguerite ?! Genre Marguerite ! Non mais quel prénom. Certes, très joli pour une vache, si quelqu’un devait l’appeler comme ça, Briony se vexerait à coup sur. Heureusement pour Charles-Emmanuel, il n’avait pas osé. Quoique, lui révéler le fait qu’il y songeait était sans doute déjà assez pour qu’elle puisse se vexer. Mais pas ce matin, bien trop occupée à imaginer quel prénom aurait été à ce garçon au prénom un peu trop… Formel et démodé à son gout. Finalement, répondant à la question, Charles-E. pensait que Sophie ou Astrid irait à Briony. C’est pas faux, elle aimait bien les deux. « Puisqu’apparemment ici il faut avoir deux prénoms en un pour être cool, je t’autorise à m’appeler Sophie-Astrid, ce ne sera jamais pire que Pepper-Ann. » La demoiselle se mit ensuite à rire, elle plaisantait… Enfin, non, Pepper-Ann c’était quand même très laid, mais elle se trouvait drôle. Il fallait bien qu’elle fasse rire au moins quelqu’un, sur ce coup là, c’était elle-même. Et même s’il n’y avait rien de plus idiot que de rire à ses propres blagues, elle s’en fichait pas mal. Monsieur-Charles-Emmanuel lui indiqua ensuite qu’il n’appréciait pas Steve, autrement dit Harry lui convenait. Pas étonnant, c’était aussi le prénom d’un prince. D’ailleurs, ce dernier évoqua un court instant son père, c’était peut-être un duc ou quelqu’un de ce genre. Ou juste un type qui veut appeler ses enfants comme s’ils venaient d’une famille de riche, alors que non. Enfin, bref, alors qu’un silence s’installa après que Briony ait dit « Va pour Harry, alors » le candidat demanda finalement à la rouquine se qu’elle venait faire sur ce bateau. « Trouver l’amour. » Elle reprit aussitôt. « Alors oui, je sais, apparemment je suis la seule qui soit venue pour ça et je m’en tape. Oui, je crois qu’on peut trouver l’amour ici et non, l’argent ne me déplairait pas non plus. Non, je ne crois pas au prince charmant mais oui, je pense que même sur ce yacht, quelques candidats vont pouvoir trouver l’âme-sœur. Je te l’accorde, je suis peut-être trop naïve. » Briony préférait préciser ce qui éviterait à Charles-Emmanuel-Harry de poser toutes ses questions. Elle l’observa ensuite en haussant un sourcil. « Laisse moi deviner, t’es venu pour gagner de l’argent. ». Tellement prévisible.

Ça me faisait rire qu'elle pense que porter deux prénoms m'apportaient quelque chose de cool. C'était tout le contraire dans la vie de tous les jours puisque souvent, on me disait que c'était assez ringard de porter un pareil prénom. Tradition familiale depuis des lustres, et je ne sais pas qui osera la briser. Je n'ai pas oser, chacun de mes enfants porte un prénom composé tout comme moi. Je ne suis pas aussi rebelle que ce pourrait laisser paraître chacun de mes tatouages. Bien au contraire, je suis quelqu'un d'assez réfléchis, qui sait ce qu'il dit, ce qu'il fait et assume chacun de ses choix et de ses dires. « Puisqu’apparemment ici il faut avoir deux prénoms en un pour être cool, je t’autorise à m’appeler Sophie-Astrid, ce ne sera jamais pire que Pepper-Ann. » me lança celle-ci avant de rire. Mon rire se mêla au sien et raisonna plus gravement que celui de la rousse dans la pièce. « Sophie-Astrid, n'oublie pas que c'est à toi que je parle quand je t'appelle ainsi alors ... Ce serait con de louper une chouette discussion avec moi. »Je m'imaginais déjà lui causer dans le vide sans qu'elle comprenne que c'est à elle que je m'adresserai. Je serais le mec qui se choppe des vents parce qu'il n'est pas capable de retenir le nom des filles présentes sur ce bateau. Pourtant, on ne peut pas dire qu'elles soient trop, leur nombre est convenable, je devrais juste veiller à être plus attentif dans les jours à venir pour ne plus oublier le moindre prénom. « Va pour Harry, alors » J'étais fort heureux qu'elle ai oublié l'idée de m'appeler Steve. Sans rigoler, c'est un prénom de boulet ça non !? Je sens déjà une révolte des Steve faire vague contre moi, mais j'assume ce que je dis. Quant à Harry, j'y voyais un certain prestige puisque je songeais au petit prince roux de l'Angleterre. Je ne suis pas un fan absolu de la famille royale, je n'ai aucune photo de la reine de ce pays dans ma maison, rien de tout cela. Mais avec le mariage récent de William, il est normal de savoir qui est Harry. Bref, ma gueule. Finalement, j'avais décidé de dériver notre discussion vers nos ambitions en venant ici. Je n'avais pas rencontré beaucoup de candidat venu pour découvrir l'amour. Très peu. «Trouver l'amour. Alors oui, je sais, apparemment je suis la seule qui soit venue pour ça et je m’en tape. Oui, je crois qu’on peut trouver l’amour ici et non, l’argent ne me déplairait pas non plus. Non, je ne crois pas au prince charmant mais oui, je pense que même sur ce yacht, quelques candidats vont pouvoir trouver l’âme-sœur. Je te l’accorde, je suis peut-être trop naïve. » Cette réponse me fit plaisir, il existait encore des gens aussi naïfs que moi. Des gens comme moi qui pensent réellement pouvoir trouver l'amour sur un bateau paradisiaque emplie de célibataire. Je n'eu pas le temps de lui préciser la raison de ma venue, qui était la même que la sienne que déjà, elle se lançait dans quelques suppositions.« Laisse moi deviner, t’es venu pour gagner de l’argent. ». Un sourire railleur se fit sa place aux coins de mes lèvres. « C'est toi qui va finir par me vexer cocotte ... Pourquoi tant de préjugés alors que moi aussi, je suis là pour trouver l'amour. L'argent, j'ai ce qu'il me faut pour vivre facilement... C'est l'amour qu'il me manque pour être heureux » Je suis comme ça moi, je ne peux pas être heureux sans amour. Ou alors mon bonheur est différent. Je suis heureux mais sans petit plus. Je déteste la solitude et pourtant, me lasse rapidement de l'amour qui me tend les bras. Je suis compliqué et même moi ... ça me fait chier. « Il y a déjà quelqu'un qui te plaie ici, pour réaliser ta petite envie naïve de bonheur !? »