« C'est là que solitaire, De son image en vain j'ai voulu me distraire. Trop présente à mes yeux, je croyais lui parler, J'aimais jusqu'à ses pleurs que je faisais couler. Quelquefois, mais trop tard, je lui demandais grâce ; J'employais les soupirs, et même la menace. Voilà comme, occupé de mon nouvel amour, Mes yeux sans se fermer, ont attendu le jour. » Sans savoir vraiment pourquoi, ces mots se rappelèrent à elle alors qu’elle bronzait au bord de la piscine. En apparence, tout allait bien, Quinn lui avait avoué avoir une attirance non négligeable pour elle et elle était restée cette semaine. Une semaine de plus pour apprendre à se connaitre, voire où elles en étaient. Elle connaissait la provenance de ces quelques vers, Racine, Néron. Et malheureusement, elle savait aussi pourquoi elle s’en souvenait, pourquoi ils choisissaient cet instant où tout allait pour le mieux. Fermant les yeux, elle pesta contre elle-même et ses sentiments avant de se lever et de plonger dans la piscine sans préavis. Elle avait besoin de se défouler, elle avait besoin d’arrêter de penser, tout simplement. La natation l’avait toujours aidé et elle n’avait pas perdu ça. Son niveau, bien que beaucoup plus modeste qu’auparavant restait supérieur à la moyenne et elle enchaina les longueurs jusqu’à se sentir vidée de tous les ressentiments qu’elle éprouvait. Mais la perspective de cette nouvelle relation n’enlevait rien à la peine qu’elle éprouvait encore de sa précédente. Se tournant la caméra, elle signa quelques secondes pour une personne en particulier qui ne regarderait surement pas mais c’était libérateur. Se sentant un peu plus libre, elle se reconnecta avec le monde autour d’elle et ses yeux s’arrêtèrent sur la magnifique silhouette de Quinn. Sa vue lui arracha un sourire malgré elle et elle regagna le bord pour s’y adosser, les yeux fixés sur elle. « Bien dormi ? Plus sereinement j’imagine ! »

La nuit avait été bonne pour Quinn. La soirée s'était déroulée à merveille pour elle et malgré sa nomination, elle s'en était très bien sortie. A vrai dire, elle s'était même bien amusée. Il y avait du suspense, des révélations, de l'émotions, et le tout s'était terminé par une petite fête agréable. Les révélations qu'elle avait accordées à Rosaly l'avaient aussi soulagée. Les mots ont un pouvoir libérateur qui peut également se révéler intéressant selon les situations. Quinn ne regrettait pas du tout ses actes, elle avait parfaitement assumé et n'avait pas changé d'avis depuis la veille.

Ainsi, lorsqu'elle se leva ce matin là - plus tard qu'à son habitude - elle se sentait aussi légère qu'une plume. Son premier geste, après un bon café, fut d'enfiler son bikini noir, une petite robe de plage et de filer à la piscine. Le soleil brillait, la chaleur était presque accablante mais cela ne la dérangeait pas, elle avait toujours été un oiseau de soleil.

En arrivant par la grande porte vitrée, son regard fut de suite attiré par Rosaly, allongée sur sa chaise longue. Elle l'observa une seconde avant de vouloir la rejoindre mais soudainement intriguée par la minse de la brunette, Quinn resta quelques instants de plus à la regarder sans signaler sa présence. Etrangement, Rosaly semblait tracassée, la mine soucieuse. Elle ne la connaissait pas sur le bout des doigts mais assez pour savoir que Rose laissait transparaître beaucoup de ses émotions sur son visage. La soirée dernière avait elle quelques chose avoir avec son état ? Quinn avait elle remué des eaux qu'il n'aurait pas fallu remuer ? Ou était elle simplement parano et trop en recherche de réponses ?

Lorsque Rosaly se leva soudainement et plongea sans crier gare, Quinn s'avança. Son pas était décidé, détendu. Adossée au bord, Rose se rapprocha et lui adressa aussitôt la parole. Très bien dormi même ! Et heureuse de me réveiller sur le bateau. Venant s'asseoir tout près de son amie et faisant trempé ses jambes dans l'eau, Quinn continua : Et toi miss, comment vas tu ? Tu m'a l'air un peu ... secouée. J'espère que je n'ai pas ... enfin ... tu vois quoi.

L’arrivée de Quinn changea immédiatement le comportement de Rose qui se calma instantanément. Elle refusait de laisser transparaitre quoi que ce soit devant la jeune femme, ne voulait pas qu’elle pense que c’était sa faute si elle n’était pas spécialement au meilleur de sa forme. Au contraire, ses mots de la veille lui avaient fait très plaisir et rien ne devait perturber ou influencer cela, pour Quinn en tous les cas. Elles avaient fait un pas en avant, ce n’était pas le moment d’en faire deux en arrière. Pourtant, lorsque la blonde lui demanda comment elle allait, elle ne pu se résoudre à lui mentir. S’en voulant dans un premier temps de ne pas avoir réussi à garder ses propres soucis loin de la jeune femme, elle pensa aussitôt aux conséquences que ce mensonge aurait sur elles. En apparence, ce n’était rien, un pieu mensonge en quelque sorte sur comment elle allait aujourd’hui. Mais si elle commençait à mentir sur cela, elle pouvait très bien continuer dans sa lancée et le faire pour des choses plus importantes, ce qu’elle ne voulait pas. Grande adepte de la vérité, elle se refusait à créer d’entrée un malaise de ce genre. Cependant consciente des propos qu’elle allait tenir, elle préféra commencer par la rassurer. « Ce n’est pas la grande forme effectivement mais ce n’est en rien ta faute. Que tu sois restée me fait vraiment plaisir et ce que tu m’as dit hier me fait encore chaud au cœur. » Quinn ne devait pas s’en vouloir, elle n’était coupable de rien, Rose était la seule à blâmer, la seule qui s’en voulait encore pour ce qui c’était passé il y a un an. Devant le discours qu’elle s’apprêtait à tenir, elle préféra sortir de l’eau pour prendre place à ses côtés, fixant la mer au-delà du bateau. « Mais … » Il y a toujours un mais … « Je n’ai pas été attirée autant par quelqu’un depuis … Ma dernière petite amie. Ça s’est mal terminé, très mal et depuis je crois que j’ai peur de l’amour. J’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre, je suis une grande romantique alors apprendre qu’elle avait été voir ailleurs m’a profondément perturbée. Surtout en sachant qu’on allait se … Se marier … » Il était peut-être trop tôt pour parler des bagages ou des ex conquêtes, surement même mais une fois qu’elle était lancée, elle eut du mal à s’arrêter. « Alors me sentir attirée ainsi par toi ça me rappelle, ça me rappelle le mal qu’elle m’a fait. Quelque part je pense aussi que je me sens toujours coupable pour ce qu’elle a fait, que c’est ma faute si elle a été voir ailleurs. Et ça a remit tout ces sentiments au gout du jour. Je vais surmonter ça, je sais que je vais y arriver, cette histoire ne peut pas m’empêcher d’être heureuse à tout jamais mais ça prendra peut-être un peu de temps. » Elle s’en voulait de devoir avouer ça à la jeune femme mais elle lui devait la vérité, elle avait été sincère avec elle, il fallait bien qu’elle lui retourne la pareille. Mais une fois son sac vidé, elle se tourna vers Quinn pour l’enjoindre de faire de même. « Maintenant que tu connais mon plus lourd bagage n’hésite pas à me faire part du tien, je ne compte pas partir en courant, du moins si tu ne t’es pas déjà enfuie. »

Lorsque Quinn était arrivée ce matin là, elle n'aurait pas imaginé une seule seconde ce qu'allais bien pouvoir lui avouer Rosaly. Lorsqu'elle était entrée même dans le jeu, Quinn n'avait pas pensé une seule seconde tomber sur quelques à l'histoire pareille. Une histoire qui selon quelques aspects sonne familière. Cela lui avait semblé tout bonnement impossible car si histoire de la sorte, il y avait eu, Rose n'aurais rien eu à faire ici, sur ce bateau et dans cette expérience grotesque ! Elle s'était différent ... Quinn ne jouait pas vraiment le jeu mais ça vous l'aviez un peu devinez !

Alors lorsque Rosaly prit place àses côté et commença son histoire, Quinn aurait pu parier qu'il s'agirait d'une histoire de tromperie banale. Elle pouvait presque mettre les mots dans la bouche de la jeune femme. Mais lorsque Rosaly évoqua le mariage, Quinn prit une immense claque en pleine figure, une espèce de bon coup de couteau en pleine poitrine. Bien que non désireuse de se faire remarquer, elle pu presque se sentir soudainement pâlir. Non, ce n'était pas possible ! Elle n'avait pas décemment pu jouer de la sorte avec quelqu'un de ... sincère ! Et de surcroît quelqu'un dont la peine semblait de peu égaler la sienne. Cela ne faisait pas partie de son plan. Son but n'était pas là ...

Avait elle fait une erreur en se rapprochant de Rosaly ? N'aurait elle pas du l'éviter en ressentant cette petite attirance des débuts ? Si bien sur. Mais elle s'était laissée avoir. Leur ressemblance, et cette attirance devait belle et bien venir de quelque part, ce n'était pas un hasard et Quinn s'en mordait les doigts à cette seconde.

Les yeux fixé sur l'horizon, parfaitement immobile et presque paralysée, sa tête tourbillonait. Comment pouvait-elle bien se défaire de son merdier maintenant ? Elle eu envie de fuir, de prendre ses jambes à son cou et de s'éloigné de Rose autant que possible. Seulement c'était trop tard et Quinn le savait. Peu importe son avancée, elle lui ferait du mal ! Et ça c'était insupportable. Bon sang ! Si seulement Rosaly avait pu être une bête petite gamine en quête de jeu et de célébrité passagère, tout aurait roulé, tout aurait été simple. Mais voilà qu'elle était d'une profondeur insoupçonnée ...

Quinn aurait voulu lui dire la vérité, tout lui expliquer d'emblée avant que ça n'ait trop loin et surtout que Rosaly puisse comprendre, peut-être même puisse la soutenir ! Mais lui dire égalerait à tout révéler à tout le monde en même temps. Impossible. Elle aurait donné peu cher de sa peau si la production apprenait le réel but de sa participation à l'émission. Et puis là, à vif tout était encore trop frais dans sa tête, la bombe venait à peine d'exploser et réfléchir devenait complexe. D'autant plus que Rosaly l'invita à se confier. L'air hésitant et toujours patraque, Quinn se lança fébrilement : Oh mon Dieu Rose je suis ... désolée. Je ... Je ne peux pas me révéler entièrement honnête avec toi et saches que ça me met mal à l'aise. Mais comme prise d'un irrésistible besoin de se sentir épaulée, elle alla tout de même un peu plus loin. Je te dirais juste que, en un sens, mon histoire n'est pas si éloignée de la tienne et c'est ce pourquoi je suis si surprise. Parce qu'à l'évidence nous avons prit deux chemins de guérison très différents.

Les paroles d'hier pourtant plus dictée par sa vision du jeu que l'émotion, prenait aujourd'hui tout leur sens. Quinn pensait ce qu'elle avait dit la veille plus que la veille même.

Elle était agitée, à la fois car elle avait l'impression de perdre le contrôle et parce que jamais encore, elle n'avait soudainement revécu sa rupture aussi violemment qu'ici depuis des années ! Comme étouffée, elle s'engagea alors à se relever sans crier gare en s'excusant une nouvelle fois et cela à trois reprise, mais dans son élan, Quinn glissa au bord de la piscine et vint écraser son genoux sur le revêtement de sol en pierre. " Merde !"

Tu n'as qu'à t'en prendre qu'à toi même Quinn ! Voilà ce qui résonnait actuellement dans sa caboche alors qu'elle était à quatre pattes au bord de la piscine. Tête baissée, elle savait qu'elle a joliment merdé et bien que n'ayant pas dit grand chose à Rosaly, elle aussi savait que la blonde avait des choses à se reprocher !

Alors qu'elle releva la tête et bascula pour se laisser choir assise par terre, elle croisa le grand regard regard bleuté de Rose, son visage fébrile, clairement blessé ne sachant même pas pourquoi. Après lui avoir lancé une statistique cinglante et élevé la voix face au comportement presque gamin de Quinn, Rosaly posa tout de même - et peut-être instinctivement - sa main sur la jambe endolorie de notre blonde.

Un touché qui - si anodin soit il - ne laissa pas Quinn indifférente. C'était à la fois doux et réconfortant. Presque électrisant. Sa tête lui criait de se redresser et de reprendre sa course, alors que son coeur la sommait de l'embrasser et de se laisser aller à la tentation. C'était étrange ... si Quinn avait passé plus d'une nuit sous des draps féminin après sa séparation d'avec Matt, jamais elle n'avait réellement ressenti de sentiments quelconque pour une femme. Jamais elle n'avait ressenti pour une fille, ce que pouvait lui faire ressentir Rosaly. C'était en soi assez nouveau et perturbant. Mais Quinn ne l'embrasserait pas. Si elle en mourait d'envie, elle savait qu'elle n'était plus en position de force, ce n'était plus à elle à faire le premier pas. Elle ne voulait pas que Rosaly puisse un jour le regretter, ou se sentir piégée.

Un voile sembla venir embuer le regard de Quinn alors qu'elle attrapa la main de Rosaly dans les siennes et dit : Je suis désolée Rosaly, vraiment désolée ! Je t'en prie ne te fâche pas sur moi. Tu as raison, entièrement raison. J'étais là pour toi, je ne le regrette pas et je le suis toujours ... si du moins tu veux toujours bien de moi. Quinn redressa la tête, se passa une main dans les cheveux et dégagea comme elle pu son regard de larmes qu'elle ne voulait pas faire couler. Ecoutes, jamais mon but n'a été ou ne sera de te briser le coeur ! Jamais ... C'est probablement pour ça que j'ai eu si peur. Parce qu'il est des choses dont je ne pourrais pas te parler, du moins pas ici, pas avant un moment, et parce que je m'attache à toi et que tu t'attaches à moi, j'en comprends toute la difficulté. Hésitante, Quinn vint poser l'une de ses mains sur le visage de Rosaly, repositionnant l'une de ses mèches de cheveux, presque plus comme une excuse pour pouvoir lui asséner une toute petite caresse. Elle lâcha alors tout contact avec la brunette, ne voulant pas forcer quoi que se soit.

Ton handicap n'a rien avoir avec tout ça. On a tous nos bagages qu'ils soient physique ou pas. Les miens ne le sont pas mais cela ne veut pas dire qu'ils soient plus léger à supporter ... surtout pour une personne extérieure.

Cette fois il était certain que la mission de Quinn était mise à rude épreuve, qu'elle devrait revoir tout son plan et surtout que jamais elle n'aurait pu développer une telle attirance après seulement deux semaines et demi de jeu ... Aurait elle sous-estimer le pouvoir d'une telle aventure ?

Quelque part, elle le savait. Elle avait vu dès le début qu’il y avait quelque chose de mystérieux chez elle, c’était aussi ça qui l’avait attiré. Elle ne pensait cependant pas être blessée par cette partie d’elle-même. Elles ne se connaissaient que depuis deux semaines, ça ne devrait pas la toucher comme ça. Elle aurait du pouvoir rebondir, la laisser partir, la laisser filer sans explications et passer à autre chose. Mais elle ne pouvait pas, elle n’y arrivait pas. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie autant attirée par une femme, bien longtemps qu’elle n’avait pas voulu tout faire pour que ça marche. Elle n’arrêtait pas se repasser ce qu’elle avait pu dire, qu’elles n’avaient pas prit le même chemin de guérison. Qu’est ce que c’était sensé vouloir dire ? Est-ce qu’elle s’attendait à ce que Rose trouve toute seule, comme une grande ? Parce que ça n’allait pas arriver, surement pas. Elle avait toujours eu une imagination débordante, avait tendance à s’imaginer les pires scénarios, et quelle que soit l’histoire de Quinn, elle serait surement très loin de la vérité. Et quelque part elle ne voulait pas savoir non plus, ne voulait pas être déçue, ne voulait pas découvrir qu’elle ne connaissait absolument pas Quinn et que celle-ci s’était joué d’elle depuis le début …

Dans un premier temps, elle cru que la buée qu’elle voyait dans ses yeux n’était qu’un reflet des siens mais non, la jeune femme était aussi au bord des larmes. Dire que la veille, elles étaient à deux doigts de s’embrasser, c’était impensable. C’était la deuxième fois que la jeune femme s’excuser en moins de deux minutes. Rose ne croyait pas aux excuses, simplement parce que si on excusait éternellement quelqu’un, il ne pouvait pas comprendre qu’il faisait quelque chose de mal. Elle ne lui expliqua pas cela ceci dit, et suivit le reste de ses paroles. Bien qu’elle comprenait la notion de jardin secret, le sien semblait immense et bien trop étendu pour ne pas qu’elle en ait peur. Les battements de son cœur s’accélérèrent lorsque la jeune femme effleura sa joue pour remettre en place une de ses mèches rebelles. Malgré le ressentiment qui commençait à naitre en son cœur, elle avait une envie irrépressible de l’embrasser, de faire disparaitre ses larmes qui menaçaient de poindre, de la rassurer, de la prendre dans ses bras et de lui dire que tout irait bien. Elle en crevait d’envie et c’était ce qu’il y avait de plus dur, ressentir deux choses complètement différentes et ne pas savoir quelle attitude était la plus appropriée.

« Je suis passée par des choses que personnes ici ne peut imaginer, c’est peut-être ce que tu es en train de penser, que tu ne peux pas expliquer ce qui arrive, que personne ne comprendrait. Et tu as peut-être raison, peut-être que personne ne comprendrait mais si tu n’essaie pas, tu ne sauras jamais. Laisse-moi t’aider Quinn. » Elle s’approcha de la jeune femme et posa une main délicate sur sa joue, plongeant son regard azur dans le sien. « Fais-moi confiance. »

Faire confiance : voilà bien une chose qu'elle n'avais plus l'habitude de faire, surtout en amour ou tout ce qui concernait une relation de près ou de loin. Cela dit Rosaly était convaincante. Etait ce son visage d'ange ou son handicap qui semblait soudain la rendre automatiquement gentille aux yeux de tous ? Quinn savait que les choses n'étaient jamais aussi simple. Et honnêtement, après le lien qu'elle venait de créer avec Rosy, elle aurait probablement été la première personne à qui elle aurait confier son idée avant de rentrer dans le jeu. Mais ici c'était tout bonnement impossible. Rien n'y faisait.

A nouveau ce contact, cette main sur son visage qui la faisait chavirer. Rosaly était attachée et déterminée, elle ne lâchait pas l'affaire. Quinn ne pouvait que bien comprendre. En sens inverse, elle en aurait sûrement fait autant. Alors elle réfléchit un peu plus, regarda à gauche et à droite et commença à parler à voix très basse presque inaudible. Elle ne pouvait pas s'imaginer une seule seconde qu'elle allait vraiment en parler. Cette histoire était encore si douloureuse, qu'elle lui arrachait un bout de poitrine à chaque fois qu'elle l'évoquait. Mais plus encore que de la peine, Quinn ressentait d la colère et de l'humiliation. Ce pourquoi elle passa tout de même assez rapidement sur sa confession. Ecoutes, je ... je me suis fait plantée devant l'autel et une centaine d'invités le jour même de mon mariage. C'est en me regardant droit dans les yeux que mon ex m'a dit "Non", Alors non c'est vrai je n'en parle pas vraiment. Je n'ai ... pas envie, plus envie, ça me donne la nausée tu comprends ! Et quant à la raison de mon entrée ici, disons qu'elle est surement différente que pour la plupart d'entre vous. Mais c'est tout ce que je peux te dire Rosaly. Je ne peux vraiment pas. Comme je te l'ai dit, certainement pas ici ... Une fois dehors peut-être, si tu désire toujours m'adresser la parôle, alors tu comprendra. Mais si je parle, je suis grillée. Alors je te demande à toi aussi de ... Me faire confiance.

L'image était amusante, deux jeunes femmes assise au bord de la piscine qui se livraient des secrets et partaient à la chasse de non dit dans un silence presque intégral. Le visage de Quinn était plus fuyant qu'à l'accoutumée. Car mal à l'aise. Elle en avait trop dit. Elle n'irait pas plus loin et espérait déjà qu'elle ne s'était pas comprise. Elle entreprit alors de se redresser. Elle épousseta son genoux et dit : Mais je ne peux pas te forcer ... je comprendrais si tu préférerais t'éloigner. Quinn n'en avait pas vraiment envie, du moins pas au fin fond d'elle même. Mais elle ne désirait ni lui faire plus de mal, ni se faire plus de mal également. Alors peut-être que laisser la brunette s'en aller était la seule solution ... C'était à voir, et surtout savoir comment Rose prendrait tout ça.

Rose détestait mentir et par conséquence, elle était une piètre menteuse. Chacune de ses émotions, de la plus minime à la plus intense passait sur son visage, ne serait-ce qu’une seconde. Ainsi, lorsque Quinn avoua avoir été quitté à l’autel, sa bouche s’entrouvrit sous la surprise et ses yeux s’écarquillèrent légèrement. Elle ne s’attendait pas à ça, elle s’attendait à quelque chose qu’elle pouvait gérer, une peine similaire à la sienne mais là … Quinn devait être encore plus forte qu’elle ne le pensait pour être encore debout, croire encore en l’amour. Du coup, ses problèmes de confiance semblaient légitimes. Elle en avait presque oubliée la raison de leur dispute jusqu’à ce qu’elle en parle à nouveau. Ce dont elle ne pouvait parler, ce qu’elle devait taire à tout prix à moins d’être grillée, selon ses termes. Rose n’avait aucune prédisposition à faire confiance aux gens, la seule constante de sa vie était sa mère et elle n’arrivait pas facilement à laisser quelqu’un entrer dans sa vie, encore moins avec des secrets pleins les bras. Elle aurait voulu pouvoir passer outre, se dire que ce n’était pas grave, qu’elle devrait lui faire confiance mais son instinct lui criait de fuir, fuir les problèmes, fuir cette femme hautement dangereuse pour elle. Rose ferma les yeux quelques secondes afin d’essayer de calmer les innombrables pensées qui encombraient son esprit. D’un naturel vif et rapide, elle avait beaucoup de mal à réfléchir correctement. En ouvrant les yeux, elle se plongea dans les siens et comprit, elle ne pouvait réfléchir en étant si près d’elle, en respirant son odeur, en caressant sa peau légèrement mordorée par le soleil méditerranéen. Sans réfléchir, Rosaly brisa les quelques centimètres qui les séparaient afin de poser ses lèvres sur les siennes, délicatement, comme une caresse. Ca n’avait beau qu’être un léger touché, ce geste l’électrisa entièrement, réveillant des sensations longtemps enfouies.

Instinctivement, elle se rapprocha de la jeune femme pour prolonger ce baiser, passant une main assurée derrière sa nuque. Son cœur battait plus fort, infiniment plus fort et tout son corps appelait au sien. C’est au moment où elle allait l’allonger au sol qu’elle recula violemment, se séparant de cette tentation. Elle ne pouvait pas, ne devait pas céder, lui céder. Une larme solitaire coula le long de sa joue jusqu’à ce que Rose la balaye d’un mouvement de la main. Elle devait partir, maintenant, ferait mieux de s’éloigner le plus possible. Mais aucun de ses muscles ne se décida à bouger et elle resta finalement paralysée, non loin de la blonde. « Je crois que je pourrais te faire confiance si tu m’en disais plus, mais en ce moment, c’est surtout en moi, que je n’ai pas confiance. » Elle n’arrivait pas à ordonner ses idées, à voir ce qui était bien ou non, dans ses capacités ou pas.