Une pièce déserte, plongée dans le noir, le bruit des vagues s'écrasant sur la coque du bateau seule chose qui brisait le silence quasi inquiétant. C'était le moment parfait pour m'adonner à l'un de mes passe-temps favoris : m'installer sur le sofa, des pop-corn dans un saladier et une bière à la main pour regarder un film d'épouvante. Ce soir, j'avais sélectionné un classique du genre : Massacre à la tronçonneuse, plus le film était réaliste et plus l'adrénaline et le plaisir qu'il provoquait s'intensifiait. Dans le cas de celui-ci les ingrédients étaient réunit pour que la soirée soit excellente. Le DVD dans le lecteur, je m'installais à mon aise sur le canapé, le saladier de pop corn sur les genoux. Il s'agissait du remake pour être exact, celui avec la fille tapisse les baquettes à l'aide de sa cervelle, celui avec la nana de sept à la maison en somme. Ça devait faire une bonne demi heure que le film était commencé lorsque j'aperçus une silhouette sur l'un des fauteuils, silhouette que je n'avais jusqu'à lors par remarqué à cause de la pénombre, elle devait dormir là sans que je ne m'en rende compte, néanmoins je ne baissais pas le volume pour autant, mais je me doutais bien que la musique ou peut être les cris finiraient bien par alerter la personne en question que je ne distinguais toujours pas, et peut être que j'allais m'attirer les foudres de cette dernière mais peu importe, j'aimais prendre des risques.

Comment je me suis endormie là ? J’en sais strictement rien. Au départ, je voulais mater un disney avant d’aller roupiller. J’en étais à hésiter entre Cendrillon et Hercule. Et puis, pouf. C’est la première fois que je roupille aussi vite sans trop savoir pourquoi. Ou alors, on m’a foutu un coup de poêle dans la tête, ce qui expliquerait tout. Soit. Mystère irrésolu. J’entends crier, sur le coup, ça me semble bien loin et j’y prête pas trop attention. Et encore un cri, et là, ça me réveille. Un peu comme quand on sort d’un mauvais rêve, je me réveille dans un mauvais état. Forcément, mon regard se pose en premier lieu sur ce qui est en face de moi, à savoir, la télévision. Hm. Pardonnez-moi si je me trompe, mais ce n’est ni Hercule, ni Cendrillon ça. Non, vraiment pas. Je fixe l’écran pendant quelques secondes, le temps d’émerger, et d’essayer de voir ce que c’est. Et nouveau cri, et j’me cache les yeux comme une enfant pour n’pas voir ça. Un film d’horreur. Je déteste ça. Je flippe pour un rien là-dedans, et ce n’est vraiment pas mon truc. « Alors comme ça t’aimes bien … ces films-là. C’est cool. » Je sais même pas qui regarde la télévision (c’est le coup, personne, elle s’est allumée toute seule, doux jésus je vais crever) mais bon.

La personne endormie commençait à s'éveiller alors que moi j'avais les yeux rivés sur le film dégustant mes pop corn pendant qu'un type se faisait éventrer l'abdomen, charmant. Pas dégoûté pour un sou, on pouvait même dire que je mourrais littéralement de faim. Si bien que j'avais fini par remontrer le volume de la télévision, accentuant les bruits d'angoisse puisque je couvrais le bruit de la télévision à cause des pop-corn que je mâchais bruyamment. Chose qui m'agaçait particulièrement en temps normal par ailleurs. La personne en question, que j'avais d'ailleurs complètement oublié se manifesta, il s'agissait de Marilou que je ne portais plus dans mon coeur depuis sa révélation lors des nominations. Sa question me fit sourire, si bien que je mis plusieurs minutes avant de répondre. « Toi non visiblement, il paraît qu'on peut définir une personne d'après ses préférences cinématographique, c'est marrant tu ne trouves pas ? » Une sorte de " dis moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es " revu et corrigé par mes soins; mais après tout c'était quelque peu véridique en un sens. Sarcastique à souhait, j'avais cru comprendre au ton qu'elle employait que ce n'était pas sa tasse de thé. « Si tu devais mourir et qu'un psychopathe te laissait le choix, tu préférerais finir tes jours de quelles façon ? » C'était une question comme une autre après tout non ?

Fine déduction. J’aime pas flipper devant un écran pour rien. Et puis, c’est écœurant, de voir des pauvres gens se faire lamentablement décortiquer comme du poulet. Ouais, c’est pas mon truc. Je regarde donc Harley, et fais mon possible pour ne pas dévier mon regard sur l’écran. On peut définir une personne d’après ses préférences cinématographique ? Vraiment ? Mon dieu. « Ouais, c’est sûr, c’est hilarant. En bref, ça veut dire que t’es une psychopathe cachée quoi. Avoue, t’as emmené ta hache avec toi histoire de faire un petit carnage dans le jeu ? » Non, je ne juge pas. Absolument pas. Flippante cette fille parfois. Hm. Je vais mal finir avec elle tiens. Néanmoins, sa question me fit sourire. Original. J’y réfléchis. Déjà, hors de question de laisser gagner le psychopathe. Quitte à crever, autant le faire sans qu’il n’ait l’occasion de me tuer directement, vous savez. Enfin, je me comprends. Autant choisir sa mort, voilà. « Je sauterai du haut d’un immeuble vraiment très, très haut. J’aurai au moins l’impression de m’envoler pendant quelques secondes. » Ouais, bon, après, il vaut mieux ne pas se louper et crever sur le coup. Avouez que ce serait totalement con d’être handicapé après la chute. Mais toujours en vie. « Et toi alors ? »