malika.

Je voyais le temps s’assombrir d’heure en heure et je regrettais déjà que le soleil ne soit plus de la partie. Car à vrai dire, quand j’avais besoin de souffler, dans les rares moments où je me sentais à l’étroit dans l’énorme bâtiment qui nous servait de résidence, l’extérieur se trouvait à être mon refuge. Avec le mauvais temps qui s’annonçait, par contre, il y avait fort à parier que je serais obligée de rester cloitré à l’intérieur : moi et la pluie n’avions jamais fait bon ménage. Ainsi donc, alors que le jour laissait place à la nuit, j’avais décidé d’aller me balader dans le parc, profitant du temps plutôt clément en ce moment afin d’emmagasiner un maximum d’air frais. Un manteau de cuir sur mes épaules, je m’aventurais au travers des sentiers plutôt sinueux du grand parc – tellement grand qu’il s’étendait à perte de vue. Un véritable bijou qu’avait trouvé là la production, car seul ce parc valait son pesant d’or. Je passais finalement à proximité d’un banc, en bordure du petit lac, et décidait de m’y installer. Mon dos bien callé contre ce dernier, je levais la tête vers le ciel, où de petites étoiles tentaient de se faire voir au travers des nuages. La lune brillant par son absence, l’endroit était plus sombre qu’à son habitude, ce qui me permettait de toutes les apercevoir, ou presque. Disons que les lanternes tout au long des sentiers étaient un tantinet dérangeantes, mais ce n’était pas si grave. J’entendis des bruits de pas venir, et détachant mon regard de son point d’ancrage, je scrutais le sentier. Une silhouette venait, au loin, mais je n’aurais su dire de qui il s’agissait. J’allais bientôt le savoir, j’imagine.

Le soleil avait depuis longtemps commencé sa lente descente dans le ciel et moi j’étais installée dans la pergola avec un bol de soupe entre les mains. Ce soir je n’avais pas très faim. J’aimais beaucoup la soupe a la tomate en plus et j’en avais trouvé un pot dans la réserve alors j’avais décidé de m’en chauffer un peu. Avec un peu de pain, c’était délicieux. Finalement, alors que je soleil était totalement couché, je décidai d’aller dehors m’en fumer une, ou deux. J’enfilai une veste, mes chaussures et sortit du chalet. Je me promenais doucement dans le parc avec ma cigarette entre les lèvres, tirant dessus a intervalles plus ou moins réguliers, jusqu'à ce que je tombe sur une jeune femme assise sur un banc. Je souris et sans un mot m’installai a ses cotés, écrasa ma cigarette au sol et entama la conversation. « Bonsoir. Yasmine c’est ça ? Ca me fait penser à Aladin. » Dis-je en souriant. Même si la fille s’appelle Jasmine, ça m’y a fait penser.

La marcheuse dû m’apercevoir, car passant à proximité de l’endroit où j’étais posé, elle dévia du sentier pour venir se poser à mes côtés, sur le banc qui faisait face au lac. Je l’accueillis d’un sourire poli et elle me le rendit bien. Se débarrassant de la cigarette qu’elle tenait toujours dans ses mains, elle se tourna finalement vers moi, cherchant à me faire la conversation, visiblement. « Bonsoir. Yasmine c’est ça ? Ça me fait penser à Aladin. » Mes lèvres s’étirèrent légèrement d’un fin sourire. « Tu n’es pas la première à me dire ça. » lui fis-je remarquer, même si je trouvais ça, à chaque fois, plutôt amusant que les gens fassent ce lien, alors que ce n’était pas tout à fait le même nom. Après tout, Jasmine et Yasmine, il y avait bien une différence… d’une lettre, certes, mais ça comptait quand même. « Je me trompe, où j’ai affaire à Malika ? » lui demandais-je, incertaine. Car si son visage ne m’était pas étranger, son nom, lui, me semblait plus ou moins familier. Elle était une candidate flamboyante avec un sacré caractère, d’après les nombreux racontars dans le chalet. Après tout, n’avait-elle pas mérité le titre de la candidate qui avait fait la pire première impression? Pour ma part, je n’étais pas en position de juger, puisque nous n’avions pas vraiment fait connaissance.