WITH SAOIRSE

J’avais toujours trouvé cet endroit trop lumineux à mon goût. Ce devait être la grande bée vitrée qui faisait cet effet et le soleil d’aujourd’hui n’arrangeait rien. Ça pouvait paraître étrange, mais je me baladais alors avec mes lunettes de soleil sur le bout du nez. Je ne comptais pas devenir aveugle, mais je n’allais pas non plus me priver d’un bon moment dans la salle à manger pour déguster ma bonne petit salade faite maison. Je déposais mon assiette sur la table, m’asseyant devant une demoiselle. Je baissais légèrement mes lunettes de sur mon nez afin de voir quel étrange spécimen se trouvait devant moi. Je soupirais, haussais les épaules et remontai sans plus attendre mes lunettes, piquant ma fourchette dans une première feuille de salade, que je pris soin de découper à l’aide de mon couteau. Sans plus attendre je la dirigea jusqu’à ma bouche avant de retirer ma fourchette et mâcher. Il n’y avait rien d’exceptionnel ni d’original là dedans, je ne faisais que manger.

Je suis levée genre… depuis deux minutes en fait. Et je pétais déjà la forme. Après mon escapade en plein cœur de la nuit, dans la forêt toute noire en compagnie de Milo le fifou, j’avais cru ne pas pouvoir m’endormir, tant j’étais énervée. Pourtant j’avais dormi. Peu, mais je l’avais fais, ce qui avait eut l’horrible effet de m’exciter un peu trop. Toujours en pyj’mama - un short rayé jaune et violet, accompagné d’un simple et court débardeur blanc – je descendais les escaliers tout en fredonnant un air enjoué, m’arrêtant parfois pour exécuter un petit pas de danse. La joie de vivre, vous ne connaissez pas ? Je pris dans la cuisine, tout ce qui me fallait pour un bon petit déjeuner : café, jus d’oranges, tartines, confiture, chocolat à tartiner et un croissant. Ouai il est midi et les autres vont pouffer des trucs du styles : pâtes, frites ; viande ou poisson et légumes aussi, pour un repas équilibré. Toujours en fredonnant mon air classique, je me mettais à manger. Finalement, alors que je cru me résoudre à la solitude, une gamine s’installa en face de moi, assiette de salade à la main. Mouai. Je ne sais même pas qui est réellement cette meuf. Sans m’occuper d’elle, alors qu’elle m’admirait comme un animal, de zoo, je continuais de manger. Ouai, je fredonnais un peu plus fort, mais pas pour la faire chier, je vous pris de me croire !

La pièce n'était pas spécialement calme. Certaines personnes se préparaient pour aller manger entre bande ou bien tout seul. Pour ma part se sera tout seul, car je n'avais pas envie d'attendre que les autres finissent de se préparer leurs pâtes. D'autres venaient tout juste de se lever apportant leur bol de céréales muni de leur croissant. C'était le cas de la demoiselle qui se situait en face de moi tandis que je mangeais mon repas du midi. Nous ne vivions pas dans le même fuseau horaire apparemment. Le fait de se retrouver comme ça l'une en face de l'autre était qu'une simple coïncidence, car si j'avais su qu'elle me casserait les pieds à pousser la chansonnette je me serais sans doute exilé dans le salon. « Ta gueule » lui dis-je un grand sourire aux lèvres. Si je lui montrais mon visage qui rayonnait de bonté et de joie, peut-être qu'elle le prendrait dix fois mieux. Mon mot vulgaire venait du fond du coeur. Je n'aurais pas put supporter une seconde de plus ses fredonnements incessant.

Je n’aime pas la solitude. Enfin, nous n’étions jamais réellement seul dans le chalet, mais j’aime être toujours en présence de quelqu’un près de moi. N’importe qui ouai, même quelqu’un avec qui je n’avais pas encore fait connaissance. Où l’un des nouveaux. Où l’un des premiers entrés dont la tête ne me dit rien du tout. Même Malika pouvait suffire. Là, c’est la blonde bizarre qui venait s’installer en face de moi. Sans rien changer à ce que j’étais en train de faire, je fredonnais un air de Mozart je crois, ou Schubert. « Ta gueule » Alors que j’étais en train de boire, je failli m’étouffer. Je relevais mon nez de mon café tout en riant. « Toi aussi ! » Lui répondais-je, avec un sourire tout aussi hypocrite que le sien, secouant la tête subtilement de haut en bas. Je ne m’étais franchement pas attendu à ça. Elle venait de me tuer littéralement. Je laissais échapper un soupire d’entre mes lèvres, reprenant mon sérieux, avant de recommencer mes fredonnements. WHAT THE FUCK quoi. Je ne vais pas me plier au désir d’un bébé gremlins un peu trop sensible au doux son de ma voix. Je pris une tartine pour la couvrir de confiture et vous savez quoi… en chantant !

Qu’une chose à dire, manque cruellement de personnalité. Elle venait de reprendre exactement les mêmes mimiques que moi pour me renvoyer mon insulte en pleine gueule. Je lâchais un grand soupir de désespoir avant de glisser dans ma bouche un morceau de ma tomate cerise. « Contrairement à toi, je n’ai fais que prendre la parole pour le bien de tout le monde, en gros pour te dire de te la fermer, car tu soule tout le monde avec ta voix de merde » il y a des jours comme ça où il valait mieux rester éloigner des personnes qu’on ne connaissait pas encore pour être sûr que ta journée ne soit pas gâché. J’avais déjà eu l’occasion de la voir se promener dans le chalet et ce que je savais d’elle c’est que c’était une pile électrique, criant et sautant partout, incapable de tenir en place. Tout à fait le genre de personne que j’ai envie de gifler en gros. Malheureusement, nous n'avions pas le droit de lever la main sur nos camarades. Du moins, pas pour ça.

Ouep je me fou totalement de cette meuf, de son avis et de sa politesse encore plus manifeste que la mienne. Moi qui ne suis pas doté de classe, j’avais une très grande rivale en face de moi. Je crois que je devrais même trembler dans mon slip pour mon titre, là. Je finissais d’appliquer ma confiture sur ma tartine, que j’enfournais déjà dans ma bouche et dont j’avalais la bouchée, que Madame trop grande bouche s’adressa de nouveau à moi. « Contrairement à toi, je n’ai fais que prendre la parole pour le bien de tout le monde, en gros pour te dire de te la fermer, car tu soule tout le monde avec ta voix de merde » Raaaaah dans un effort de bonté, pour ne pas la laisser parler aux murs, je relevais mes yeux de nouveau vers elle. J’eus une expression choquée sur le visage, genre les yeux grands ouverts ; genre la bouche grande ouverte. (Genre comme sur mon avatar xD). Ma voix était magnifique dis-donc. Elle a du caca dans les oreilles ou quoi ? Et puis j’eus une illumination, ma bouche se fermant, et mes yeux pétillants d’admiration devant la jeune fille. « T’es télépathe ? » Lui demandais-je à voix passe, comme s’il s’agissait d’un secret. J’en restais bouche-bée. « Sérieux, t’as lu dans leur tête que je les faisais tous chier… »

Je fronçais les sourcils en voyant sa tête ridicule. Qu’elle avait-elle au juste ? Non, car j’avais juste l’impression d’avoir en face de moi ma petite cousine. Lorsqu’elle baissa d’un ton, cela fit un énorme bien à mes oreilles. Je préférais encore qu’elle me fasse la conversation, qu’elle continue à chantonner comme elle le faisait il y a quelques secondes. Sur le même ton qu’elle je m’avançais vers elle comme pour lui confier mon petit secret qui en fait, n’en était pas un. « Ouais…mais garde le pour toi… » les secrets étaient fait pour se garder après tout, non ? « Mais bon, on peut le deviner sans être télépathe tu sais » en gros, elle avait tellement une voix de merde, que n’importe qui aimerait l’assommer à coup de poêle pour qu’elle se la ferme.

« Ouais…mais garde le pour toi… » Oooooouh j’aimais bien les secrets comme ça ! En plus elle est trop gentille comme fille parce qu’elle me partage ce secret sans rechigner. Je fis le signe que je fermais ma bouche à clef. BAAAAH je ne vais pas aller révéler à tout le monde qu’elle est la fille spirituelle du professeur X. « Mais bon, on peut le deviner sans être télépathe tu sais » Parce que cette réponse m’intéressait, je me repositionnais sur ma chaise, m’accoudant un peu à la table. « Ouai ? Comment ? Qu’est-ce que j’aimerais être capable de parler au nom des autres comme toi ! » Autrement dit, que je ne me permettais pas l’impolitesse de parler pour quelqu’un d’autre, comme elle l’avait absolument fait deux minutes plus tôt. Parce que visiblement, les autres, et bah ils ne se sont pas barrés en m’entendant chantonner et parmi eux, certains ont d’aussi grande gueule que cette blonde. « Dis, devines à quoi je pense… » Lui demandais-je, un doigt posé contre ma tempe.

Mais qu’est-ce qu’elle était conne comme fille. Mes pensées étaient aussi vulgaire que mes propos. La politesse ne faisait apparemment pas parti de mon quotidien. Tout dépendait de la personne avec qui je discutais, et là, sa présence était loin de me ravir. Elle avait l’air tellement nunuche que je me tâtais pour savoir si je ferais mieux de partir avant que sa stupidité d’éteigne sur moi. Lui donner en quelque sorte le pouvoir en partant n’était pas mon genre et vu que j’avais commencer mon jeu avec brio, pourquoi ne pas le continuer. « Tu pense que je devrais arrêter d’essayer de parler aux noms des autres surtout que tu sais très bien que je ne suis pas dans leur tête » un grand sourire hypocrite s’afficha sur mes lèvres. J’avais fait cette petite déduction à l’aide de sa phrase d’avant qui avait l’air d’être tout à fait ironique. Je cessa de la regarder, préférant continuer de déjeuner.

C’était bien beau de jouer, parce qu’évidement, je n’étais pas aussi conne que ça ; le truc c’est que cette fille restait toujours aussi désagréable et elle viendrait à entacher ma bonne humeur. Quoiqu’il est plutôt très compliqué de le faire, parce que ma bonne humeur est très coriace. Le truc est que, la prendre aussi pour une conne ne m’amusait pas vraiment. Le seul but ici, de notre conversation, ne faisait que repousser ce qui la dérangeait et ce que je m’apprêtais à continuer de faire. Elle peut faire style d’être une grande gueule qui veut se faire obéir, mais c’est sûrement pas comme ça qu’elle se fera respecter ici. Sûrement pas par moi en tout cas. « Tu pense que je devrais arrêter d’essayer de parler aux noms des autres surtout que tu sais très bien que je ne suis pas dans leur tête » J’esquissais un sourire en coin, prenant une lampée de jus d’orange. « Entre autre… » Mais ce n’était pas difficile à deviner ça. C’est légèrement ce que je venais de lui sous entendre deux minutes plus tôt. Raaaaan elle pouvait bien faire un petit effort là. Il faut tout faire soi-même ici. « Mais surtout que tu m’a l’air d’une petite chieuse, et que si t’es pas contente, tu peux te bouger le cul pour aller ailleurs. » Je lui adressais mon plus large sourire, avant de replonger dans mon petit déjeuner, et ma petite mélodie ; il ne faut pas l’oubliée celle-là.

Et hop dans le mile ! En même temps ce n’était pas très difficile. J’aurais peut-être pu deviner la seconde partie de ses pensées, mais hélas, je ne pensais pas la faire chier à ce point. Du moins une chose que je savais, c’était que je ne pouvais pas la faire autant chier qu’elle me faisait chier. Toute cette logique était un coup à m’embrouiller, mais n’ayez crainte, j’étais peut-être blonde, mais pas conne. « Tu crois quand même pas que je vais te laisser me dégager comme ça juste parce que mademoiselle à décider de casser les oreilles à tout le monde ? » un rire moqueur s’échappa de ma bouche. Qu’est-ce qu’elle était naïve. Je soupirais de désespoir avant de remettre ma fourchette dans ma bouche. Je ne comptais pas me presser à manger malgré le dérangement de ce drôle de spécimen. Je prendrais d’ailleurs tout mon temps, même si j’étais pressé de ne plus entendre cette horrible chanson. Enfin, elle aurait put être très jolie, si elle n’aurait pas été chanté par elle.