Premier réveil de l'aventure. Aaaah, quelle aventure. Il avait découvert en allant dormir les personnes qui allaient également passer leurs nuits dans la chambre qu'il avait réquisitionné. À savoir, la Chambre Arès. Heureusement que c'était le hasard qui avait désigné les locataires des différentes chambres, car il aurait presque cru à une blague de très mauvais goût. Benjamin ? Dans la chambre Arès ? Hahaha, que c'était drôle. Cela dit, ses colocataires ne semblaient pas en reste. L'une d'entre elles, du moins. Une certaine Lust, dont le caractère n'avait pas l'air des plus faciles à dresser. L'autre femme, dont il ignorait encore totalement le prénom, ainsi que le second gars, qu'il avait à peine entraperçu avant d'aller roupiller également, rattrapaient peut-être un peu l'affaire. Aucune idée. Il ne leur avait pas encore adressé la parole. Bref, ça aurait pu être pire et, en définitive, la nuit n'avait pas été plus pénible qu'une autre. Au contraire, la chambre était superbe, bien au-delà de ses standards habituels et a priori, aucun de ses colocs ne ronflaient ou parlaient en dormant. Que demander de plus? Sur les coups de onze heures et quart, le lendemain, les rayons d'un soleil encore timide le réveillèrent. Hmgmm. Baillant et frissonnant, il lui fallut un certain temps pour émerger, et aussitôt, il attrapa à côté de son oreiller le bracelet qu'il avait chapardé - pour la bonne cause, dieu lui en sera témoin - à l'une des candidates. Bon. Douche ? Dressing ? Douche ? Dressing. Parce qu'il ne comptait pas se foutre à poil en plein milieu de la pièce, alors autant apporter ses fringues directement dans la salle de bain. Donc, il se traîna en caleçon jusqu'au dressing, s'arrêtant net en se retrouvant face à une demoiselle en dessous assez... voilà quoi. Il reconnut aussitôt Cléo, lorsque celle-ci releva la tête et lui adressa un sourire dans le miroir. Il sourit et s'approcha en l'entendant parler. « Généralement, les dessous des filles, soit je ne les vois pas, soit je les enlève, donc mon avis ne vaut peut-être pas grand chose... » Secouant légèrement la tête, il avait dit ça pour plaisanter, espérant ne pas se payer l'image de con macho dès le début. Finalement, il l'observa un instant, avec la désagréable impression d'être un pervers voyeur dégueulasse. « Mais je valide. Sexy et classe à la fois. Tu comptes rester comme ça ? Après tout, qui a besoin de fringues ? » plaisanta-t-il de nouveau, reculant jusqu'à ses propres affaires, dans le but de dégoter un truc à enfiler.

Répondant à son sourire par un vague rire inaudible, il replongea la tête dans ses affaires. Il lui en fallait peu pour être contente. Cela dit, c'était mieux ça que l'inverse. Les gens incapables de sourire, putain, quelle plaie. Le bracelet toujours accroché à son doigt, il retourna à moitié les vêtements avec expertise. Faut dire que trouver des fringues avec un truc en main, il savait faire. C'était pas l'expérience qui lui manquait. De toute façon, il finirait certainement par jeter son dévolu sur un jean et un tee-shirt quelconque, voire une chemise toute simple. Comme toujours. C'était déjà fabuleux qu'il prenne la peine d'aller voir plus loin que le premier vêtement du tas, ce qu'il se contentait de faire, habituellement. Ouais, c'est vrai que les gens étaient assez rébarbatifs face aux sous-vêtements, et à la (quasi) nudité en général. Comme si c'était dégueulasse ou quoi. Bizarre. Sans aller jusqu'à l'exhibitionnisme, Benjamin n'était pas tellement du genre pudique. Faut dire qu'ils avaient tous le même corps, quasiment, donc bon. « Rouge » répondit-il aussitôt, un sourire aux lèvres. Le pire, c'est que c'était vrai. Le rouge avait toujours été sa couleur préférée. C'était un heureux hasard que son choix du jour se soit porté sur un ensemble de cette teinte. Diplomate, il ajouta néanmoins « marron - bordeaux - ce genre couleurs. » Ça ne devait pas l'aider beaucoup, dans la mesure où c'était déjà cette palette qu'elle arborait. Bah. Vu la passion qu'elle semblait avoir pour les dessous, il ne doutait pas qu'elle cachait au moins quinze ensembles rouges et tous différents dans sa valise. « Entre nous, c'est plutôt con. Des sous-vêtements, c'est comme un maillot, on est d'accord ? Ça doit être conceptuel... » ironisa-t-il finalement. C'est vrai, au fond. Qu'une nana soit en bikini ou en soutient-gorge et culotte, où était la différence ? Ça cachait exactement la même chose, pas vrai ? Bref, peu de gens étaient capables de comprendre cette façon de voir les choses, bien qu'elle soit d'une logique implacable aux yeux du jeune homme. « Alors, tu décides quoi ? Que je puisse m'accorder. » Nouveau sourire, tandis qu'il brandissait une pile de caleçons de couleurs, l'air taquin.